Chronique : Frayle « Heretics & Lullabies » : le nouvel album de doom metal envoûtant qui marque 2025
FRAYLE revient hanter nos âmes avec Heretics & Lullabies, troisième album du duo venu de Cleveland, qui confirme ici tout son talent pour mêler puissance, mysticisme et mélancolie. Dans un univers où le doom moderne cherche souvent à se réinventer, FRAYLE réussit à créer une véritable identité sonore, hypnotique et profondément personnelle.
Dès les premières notes, la voix éthérée de Gwyn Strang ensorcelle. Elle semble flotter au-dessus des guitares lourdes de Sean Bilovecky, tissant un contraste saisissant entre l’oppression des riffs et la légèreté spectrale du chant. On ne parle plus ici d’un simple album de doom, mais d’une expérience sensorielle, presque spirituelle, où chaque morceau agit comme une incantation.
Les ambiances sont sombres, pesantes, parfois presque suffocantes, mais toujours habitées par cette lumière étrange que dégage la voix de Gwyn. FRAYLE ne cherche pas à effrayer, mais à capturer l’âme de l’auditeur, à l’emmener dans un état de contemplation. Heretics & Lullabies est un disque intimiste, qu’on a envie d’écouter seul, plongé dans la pénombre, pour mieux savourer chaque vibration, chaque souffle. C’est un album à vivre dans l’intimité, comme une confidence musicale.
La production, signée Aaron Chaparian (Iron Audio), est exemplaire. Tout y est pensé pour mettre en valeur les détails : la profondeur des guitares, la résonance des percussions, le frémissement des voix. Rien ne dépasse, rien ne sature inutilement. Les arrangements, eux, sont ciselés avec soin, offrant un équilibre subtil entre mysticisme aérien et lourdeur tellurique.
Le voyage commence avec Walking Wounded, véritable mur du son à la beauté lancinante, avant de surprendre avec une reprise doom et envoûtante du Summertime Sadness de Lana Del Rey. Un pari audacieux, relevé avec une élégance rare. Plus loin, des titres comme Boo, Demons ou Souvenirs Of Your Betrayal dévoilent la richesse d’un groupe en pleine maîtrise de son art : riffs écrasants, atmosphères brumeuses, émotions à vif. Et lorsque résonnent les dernières notes de Only Just Once, on reste suspendu, comme vidé, mais conquis.
Heretics & Lullabies est une œuvre envoûtante, raffinée et puissante, un album qui réaffirme que FRAYLE est bien plus qu’un simple groupe de doom : c’est une entité sonore à part, capable de mêler lourdeur et délicatesse, désespoir et beauté.
Un disque à écouter les yeux fermés, pour mieux s’y perdre.
