Chronique : Novelists « Coda » : Une renaissance fulgurante portée par Camille Contreras
Quand un groupe frôle l’implosion, deux issues s’offrent à lui : la chute ou la résurrection. Avec Coda, Novelists choisit clairement la seconde option – et quelle résurrection. Le quintet parisien, longtemps pilier de la scène metal moderne hexagonale, revient avec un cinquième album aussi percutant qu’élégant, marqué par l’arrivée tonitruante de Camille Contreras, nouvelle frontwoman au talent aussi rare qu’évident.
Une nouvelle voix, une nouvelle vie
Le parcours de Novelists n’a pas été un long fleuve tranquille. Depuis Souvenirs en 2015 jusqu’à Déjà Vu en 2022, le groupe a connu plusieurs changements de line-up et des remous internes qui auraient pu en venir à bout. Mais l’intégration de Camille Contreras, chanteuse marseillaise à la palette vocale impressionnante, va tout changer. Coda, qui sort le 16 mai 2025 chez ACKOR Music, est le fruit de cette alchimie nouvelle, d’une synergie retrouvée, un album de transition, certes, mais surtout d’émancipation artistique.
Camille apporte une profondeur rare au projet : capable de naviguer avec aisance entre envolées mélodiques et growls puissants, elle insuffle aux compositions une tension dramatique qui capte immédiatement l’attention. Sa voix ne se contente pas de s’intégrer dans le style Novelists : elle le transcende, le pousse dans ses retranchements, le fait muter en quelque chose de plus fort, plus mature, plus viscéral.
Modernité, précision et émotions à fleur de peau
Musicalement, Coda est un modèle de modern metal maîtrisé. On y retrouve cette signature propre à Novelists : un subtil équilibre entre riffs massifs, mélodies planantes et structures progressives. Les guitares de Pierre Danel et Florestan Durand, toujours aussi fines et techniques, s’aventurent dans des territoires plus osés, parfois djent, parfois presque cinématographiques, avec une production cristalline qui met chaque détail en valeur.
Les morceaux “Okapi” et “Prisoner”, dévoilés en amont de l’album, avaient déjà posé les bases de cette nouvelle ère. Mais c’est dans l’écoute intégrale que l’on prend la mesure du virage artistique opéré. Des titres comme “Maldición de la Bruja” ou “In Heaven” démontrent une capacité à conjuguer puissance et subtilité, entre tension latente et émotion brute. Le final “K.O.” enfonce le clou avec un sens du climax parfaitement dosé.
L’ensemble est d’une précision chirurgicale, sans jamais tomber dans la démonstration stérile. Tout est pensé pour servir l’émotion, le propos, l’impact.
Le chant féminin comme vecteur d’impact
Avec Coda, Novelists met fin à une idée reçue encore trop présente dans certains cercles : oui, les voix féminines ont toute leur place dans le metal, même les plus modernes et techniques. Et non seulement elles ont leur place, mais elles peuvent en redessiner les contours, comme le prouve chaque ligne de chant de Camille Contreras. Sa performance est non seulement convaincante, elle est essentielle. Elle redéfinit l’identité du groupe et ouvre une porte sur des perspectives inédites.
Conclusion : un nouveau départ, un nouvel élan
Coda ne marque pas la fin de quelque chose. Bien au contraire. C’est le début d’un nouveau chapitre pour Novelists, un chapitre plus audacieux, plus libre, et résolument tourné vers l’avenir. C’est un album à la fois intense, moderne, émotionnellement sincère et techniquement impressionnant. Il va sans doute bousculer les fans de la première heure, mais il devrait aussi en rallier beaucoup d’autres, séduits par cette évolution audacieuse et assumée.
Avec ce disque, Novelists s’impose plus que jamais comme une figure majeure du metal contemporain, en France comme à l’international.
