Parkway Drive fête ses 20 ans au Zénith de Paris, Live Report d’un concert historique
Semaine assez exceptionnelle en cette fin septembre / début octobre pour le metalcore à Paris, avec Architects le lundi, We Came as Romans le mercredi et Parkway Drive le jeudi : de quoi passer un bon début d’automne ! C’est avec ces derniers que nous avons rendez-vous au Zénith de Paris afin de célébrer comme il se doit leurs vingt ans de carrière. Il fait toutefois déjà presque nuit lorsque nous arrivons sur place. En effet, en raison d’obligations professionnelles ainsi qu’une ouverture assez précoce des hostilités, nous n’arrivons dans la salle du 19ème arrondissement qu’à la fin du set de Thy Art is Murder. Nous loupons donc totalement le set de The Amity Affliction et ne pouvons profiter que des deux ultimes titres de Thy Art is Murder. À titre personnel, nous ne sommes pas forcément le public cible du deathcore proposé par ces Australiens (notons que l’affiche du soir est une affiche 100% australienne, les trois formations venant en effet de l’île-continent) et nous constatons que le public semble être à moitié convaincu de la prestation, certains membres de celui-ci quittant la fosse de manière assez indifférente passée la dernière note, d’autres en ressortant lessivés de sueur et ayant visiblement passé un moment intense. Il en faut bien pour tous les goûts après tout mais, encore une fois, n’ayant pu assister à l’entièreté du set, nous nous abstiendrons de tout jugement concret.
Passé le traditionnel passage par le merch (rien d’exceptionnel, quelques t-shirts à motifs plutôt sympas mais à des tarifs exorbitants, 45€ le t-shirt…), nous reprenons place dans la fosse du Zénith en attendant Parkway Drive. La sono diffuse depuis quelques longues minutes une compilation de tubes des années 80 et, bien que cela soit toujours apprécié, le temps commence à devenir long. Finalement, avec une grosse dizaine de minutes de retard, les lumières s’éteignent et un album
photo montrant différents clichés du groupe et de ses membres est projeté sur les écrans du Zénith, avant que Parkway Drive ne finisse par arriver… par les tribunes ! Précédé et accompagné par un immense drapeau tel un boxeur et son équipe, le groupe prend un bain de foule en frappant les mains de qui le voulait bien avant de monter sur une petite scène centrale, reliée à la scène principale par une immense plateforme (nous y reviendrons). Le show débute sur Carrion qui sera très vite suivi de Prey, causant déjà premiers mouvements de foule et premières gouttes de sueur dans la fosse, avant que les membres du groupe ne regagnent la scène principale (dès lors, ils enchaîneront allers et retours entre cette petite scène centrale et la scène principale, ceci durant toute la durée du concert).
À partir de là, la soirée va prendre une autre ampleur et, une fois n’est pas coutume, nous allons parler d’argent. Le billet en fosse coûtait un peu plus de 80€ et, si nous avions déjà vu la formation au Hellfest 2023, nous avions pris notre place pour ce soir avec un petit pincement au porte-monnaie. En effet, 80€ pour un concert au Zénith, malgré des promesses relatives à un show anniversaire, cela avait quand même piqué. Eh bien, nous ne regrettons rien. Le concert est devenu tout bonnement exceptionnel, très largement à la hauteur des promesses et nous allons vite comprendre qu’une telle production a effectivement un coût (nous y reviendrons). Sincèrement, nous ne savons même pas par où commencer tant nous avons pris une claque sonore et visuelle dont nous avons encore du mal à nous remettre. L’apparition de danseurs et une dose de pyrotechnie comme nous n’en avions jamais vu au Zénith sur Glitch, pyrotechnie qui se fera encore plus intense lors du breakdown de l’inédit Sacred, à tel point que nous nous demandons si nous sommes devant Parkway Drive ou devant Rammstein. Vice Grip continuera de battre le fer tant qu’il est encore chaud, avant un Boneyards qui ne bénéficiera pas de tels artifices mais qui verra les chanteurs de Thy Art is Murder et de The Amity Affliction rejoindre la scène centrale pour participer à la fête. Horizons suivra, avec un délice pour les yeux de l’audience parisienne. En effet, nous aurons droit à un lever de la plateforme reliant la scène centrale et la scène principale, celle-ci remontant Jeff Ling (guitar lead) jusqu’au plafond et dégueulant d’étincelles lors du solo de ce dernier. Fou !
Le tempo se calme un petit peu, mais pas la claque visuelle, avec Cemetery Bloom qui verra Winston McCall, frontman de la bande, venir sur la scène centrale avec un pied de micro formant une ronce à longues épines et accompagné de danseurs sous un halo lumineux, avant que la pyrotechnie et les explosions reprennent sur le très dansant The Void. Wishing Wells nous offrira même un déluge de pluie au-dessus de monsieur McCall, avant que les flammes ne se mélangent à cette même pluie. Impressionnant, comme l’énergie dépensée par chaque membre de la formation ou comme le son du Zénith, qui n’a rarement été aussi bon que ce soir. Dark Days, portant bien mal son nom au vu de la littérale déflagration l’accompagnant (nous n’avions que peu, si ce n’est jamais, vu autant de pyrotechnie au Zénith et oui, nous nous répétons et insistons dessus), viendra clore cette partie du show.
Après quelques secondes de répit et quelques échanges avec la foule couplés de remerciements, Winston McCall quitte à nouveau la scène principale mais cette fois-ci pour venir se mêler directement à la fosse, avant de lancer Idols And Anchors, qui verra les fans former un circle-pit autour de lui, avant que celui-ci ne finisse par regagner la scène centrale via un slam (dont les porteurs ont failli s’écrouler), sans pour autant qu’il n’arrête de donner de la voix ! Chaque instant de ce concert est tout simplement magique et on ne sait même plus où donner de la tête, tant les surprises ne cessent de s’enchainer. On aura également droit à un trio de violonistes lors de Chronos, l’une d’elles venant même se livrer à un duel d’instruments avec Jeff Ling sous les nombreuses caméras de smartphones venant enregistrer cette image. Ces dernières vont d’ailleurs être mises à contribution au travers de leurs flashs sur Darker Still, Luke Kilpatrick accompagnant avec sa guitare acoustique Winston McCall sur la scène centrale. C’est alors que Bottom Feeder vient “conclure” le set, non sans faire faire un peu de sport à l’ensemble de la fosse durant les premières du titre, avant que celui-ci ne s’achève sous des feux d’artifice (oui, des feux d’artifice en salle, vous avez bien lu, nous en sommes restés bouche bée) !
Évidemment, nous utilisons le mot conclure entre guillemets car il va sans dire que nous avons droit à des rappels. Dans un premier temps, l’excellent Crushed nous sera interprété, venant mélanger flammes sortant de tous les coins du Zénith, lightshow aux petits oignons et un petit pont durant lequel Ben Gordon nous gratifie d’un solo de batterie alors que cette dernière effectue des rotations à 360° (que n’auraient pas renié Tommy Lee ou Joey Jordison), le tout sous un nouveau déluge de flammes et sous les pieds de Winston McCall, supplantant le Zénith du haut de la plateforme centrale, plateforme cette fois-ci transformée en lance-flammes. Vient alors l’ultime titre d’une soirée exceptionnelle, un Wild Eyes joué par l’ensemble du groupe en formation serrée sur la scène centrale, terminant le concert là où celui-ci a commencé, alors que l’ensemble du Zénith hurle à pleins poumons le riff iconique de ce titre (avec un Jia O’Connor qui, un peu en retrait durant le concert, vient haranguer la foule avec sa basse sur ces derniers instants). Parkway Drive nous quitte alors, non sans jeter des dizaines de médiators à leurs fans et en promettant de revenir très vite à Paris. Nous avons alors droit, comme avant le concert, à une nouvelle diffusion de photos du groupe et de ses membres sur les écrans du Zénith, avant que les lumières ne se rallument définitivement.
Comme dit plus haut, nous pestions un peu lors de l’achat du billet sur les tarifs demandés. Finalement, ce concert, ou plutôt ce spectacle, en valait chaque centime. Nous avons vu bon nombre de concerts pour lesquels les tarifs demandés étaient élevés, sans pour autant trouver que cela se justifiait réellement post-concert. Parkway Drive, de son côté, ne s’est clairement pas fichu de la tête de son public, avec un show qui fera date dans l’histoire du Zénith, mêlant production gargantuesque, proximité de tout instant, lightshow éblouissant, surprises à tout-va, énergie folle et sourires communicatifs. Nous pourrions certes râler sur l’absence du medley Killing With A Smile, pourtant présent sur les autres dates de la tournée (le retard du début de show ayant visiblement fait sauter ce dernier de la setlist), mais cela serait d’être d’une immense mauvaise foi tant nous avons assisté à une prestation grandiose, de la première à l’ultime note. Nous allons d’ailleurs vous faire une confidence : nous détestons le mot “incroyable”, de plus en plus utilisé dans le langage courant et ayant perdu de son sens et de sa puissance par une utilisation abusive. La plupart des gens utilisent aujourd’hui ce mot pour désigner quelque chose de remarquable, de très bien ou de surprenant, faisant fi de son sens réel. Ce soir, nous avons pourtant assisté à une prestation littéralement incroyable, dont l’intensité, la puissance et la production font que, malgré tout ce qu’on pourra en dire, il est nécessaire d’avoir vu Parkway Drive en salle pour véritablement croire à tout ce qui s’est passé ce soir.
Nous avons désormais hâte de les revoir sur des planches franciliennes mais, en même temps, nous en avons presque peur. Pourquoi vous demanderiez-nous ? Tout simplement car, après avoir mis la barre si haute, toute prestation du quinquet de Byron Bay en deçà de celle-ci serait vue comme une déception, tant nous en ressortons abasourdis et des étoiles plein les yeux. Le KO fût magistral et, finalement, l’entrée des membres du groupe tels des boxeurs n’était que prémonitoire à l’uppercut qui allait nous être adressé. Malgré le nombre difficilement calculable de concerts auxquels nous avons eu la chance de prendre part depuis une quinzaine d’années, Parkway Drive nous a gratifié d’une telle prestation que les superlatifs viennent à nous manquer. N’ayons pas peur des mots : nous avons assisté au meilleur concert de notre vie jusqu’à présent et il nous sera difficile d’en parler autrement. One for the books, assurément.
