Back To The Beginning : Les adieux historiques d’Ozzy Osbourne et Black Sabbath à Birmingham
Ce samedi 5 juillet 2025 restera gravé dans la mémoire de toute la communauté Metal. Birmingham, berceau du Heavy Metal, accueillait un événement unique, historique : Back To The Beginning, le concert d’adieux de Black Sabbath et d’Ozzy Osbourne, dans leur ville natale, là où tout a commencé.
C’est dans l’enceinte du Villa Park, le stade mythique d’Aston Villa, que 40 000 fans se sont réunis pour dire au revoir à l’un des plus grands groupes de l’histoire. Et pour rendre cet hommage encore plus mémorable, de nombreux artistes et groupes incontournables ont répondu présent, transformant cette journée en un véritable marathon musical entre émotion, nostalgie et communion.
Une journée sous le signe de la célébration et des hommages
La journée débute à 13h30 avec Mastodon, qui lance les festivités avec puissance. Le groupe démarre avec un « Black Tongue » énergique à souhait, enchaîne sur « Blood and Thunder » toujours aussi tranchant, avant de surprendre tout le monde avec une reprise magistrale de « Supernaut » de Black Sabbath. Pour l’occasion, le break de batterie devient un moment culte avec la participation de Mario Duplantier (Gojira), Danny Carey (Tool) et Eloy Casagrande (ex-Sepultura, Slipknot), réunis sur scène pour un solo collectif impressionnant. En l’absence de Brent Hinds, qui ne fait désormais plus partie du groupe, c’est Bill Kelliher qui assure les chœurs, comblant le manque de cette deuxième voix habituelle.
Rival Sons prend la suite, introduit par un Jason Momoa visiblement aussi excité que les fans. Le groupe balance « Do Your Worst » et « Secret », des classiques qui font bouger la foule encore en train de remplir le stade. Leur set se termine avec une solide reprise d' »Electric Funeral », qui fait planer l’ombre de Black Sabbath au-dessus du Villa Park.
Le temps de retourner la scène rotative et c’est Anthrax qui débarque, arborant des tee-shirts floqués « Sabbath Bloody Anthrax » avec au dos le nom de chaque membre de Black Sabbath, une manière originale de rendre hommage tout en s’amusant. Leur reprise d » »Into The Void » est puissante, et Scott Ian prend le temps de remercier chaleureusement Ozzy et Black Sabbath pour leur héritage. Une belle communion avec le public pendant que Jason Momoa immortalise la scène avec quelques selfies.
Un enchaînement de performances musclées
Le système de scène tournante permet un enchaînement rapide des groupes, même si malgré la maîtrise des techniciens, le timing accuse un peu de retard. Gérer autant de formations dans un laps de temps si serré est déjà une prouesse en soi.
C’est Halestorm qui poursuit, emmené par une Lzzy Hale littéralement en feu. Dès « Love Bites », elle fait vibrer la foule, poussant sa voix à des sommets. « Rain Your Blood On Me » continue sur cette dynamique et la reprise de « Perry Mason » d’Ozzy clôt le set avec brio, Lzzy rendant un vibrant hommage à la légende du Prince des Ténèbres.
Lamb of God prend le relais dans un registre plus brutal et incisif. Randy Blythe, débordant d’énergie, retourne le pit avec « Laid To Rest » et « Redneck ». Pour conclure, le groupe se lance dans une version explosive de « Children of The Grave », parfaitement dans le thème de la journée. Randy en profite pour balancer ses baskets dans la foule et adresse un hommage sincère à Black Sabbath : « Sans eux, pas de Heavy Metal. »
Supergroupes, stars et surprises
L’un des moments attendus arrive avec la formation d’un premier supergroupe, dirigé par Tom Morello, également directeur musical de l’événement. Jason Momoa, maître de cérémonie enthousiaste, introduit les musiciens : Lzzy Hale, David Draiman (Disturbed), David Ellefson (Dieth, ex-Megadeth), Mike Bordin (Faith No More), Nuno Bettencourt (Extreme), Jake E. Lee (ex-Ozzy), Adam Wakeman, Scott Ian et Frank Bello (Anthrax). Ils livrent cinq reprises mythiques d’Ozzy et Black Sabbath : « Shot In The Dark », « Sweet Leaf » et « Changes » figurent parmi les titres joués, avec émotion et puissance.
La scène bascule ensuite sur une vidéo humoristique et touchante où Jack Black, entouré de jeunes musiciens, interprète un « Mr. Crowley » déjanté, rendant hommage à Ozzy avec l’humour qu’on lui connaît.
Des groupes cultes qui s’enchaînent
À peine le temps de souffler que Alice In Chains entre en scène. Les vétérans de Seattle livrent un set solide : « Man In The Box » et « Would? » ravivent les souvenirs grunge, avant de conclure par une superbe reprise de « Fairies Wear Boots », parfaite pour l’occasion.
Puis vient l’heure de la fierté nationale : Gojira prend la scène d’assaut. Le groupe français confirme son statut de leader du Metal mondial avec « Stranded » et « Silvera », qui électrisent le pit, même si l’ambiance globale reste bon enfant et détendue. Point d’orgue de leur set, « Mea Culpa », devenu un hymne international depuis les Jeux Olympiques de Paris, est sublimé par la présence de Marina Viotti, chanteuse d’opéra, qui livre une performance magistrale et s’intègre parfaitement à l’univers Metal du groupe.
Jason Momoa revient pour introduire un moment unique : un Drum Off monumental sur « Symptom Of The Universe », réunissant Travis Barker (Blink-182), Chad Smith (Red Hot Chili Peppers) et Danny Carey (Tool), accompagnés de Tom Morello, Nuno Bettencourt et Rudy Sarzo. Les solos de batterie s’enchaînent dans une ambiance électrique, offrant un spectacle aussi technique que festif.
Hommages et pépites inattendues
Un second supergroupe monte sur scène, toujours orchestré par Tom Morello, avec une avalanche de stars : Billy Corgan, K.K. Downing, Adam Jones, Sammy Hagar, Steven Tyler, Vernon Reid, entre autres. En plus des hommages à Sabbath, des surprises s’invitent dans le set : « Breaking The Law » de Judas Priest, « Walk This Way » d’Aerosmith, « Whole Lotta Love » de Led Zeppelin… Un vrai festival de légendes.
Jason Momoa, une Guinness à la main, déborde d’excitation en annonçant Pantera, l’un de ses groupes favoris. Phil Anselmo dédie le set à Dimebag Darrell et Vinnie Paul, rappelant leur amour inconditionnel pour Black Sabbath. « Cowboys From Hell » et « Walk » résonnent avec puissance, suivies des reprises de « Planet Caravan » et « Electric Funeral ».
La montée en puissance se poursuit
Tool investit la scène avec son univers hypnotique. « Forty Six & 2 » et « Ænima » plongent le stade dans une atmosphère planante avant de livrer une reprise sombre et maîtrisée de « Hand Of Doom ».
Retour à l’agressivité avec Slayer, qui fait rugir le stade. Tom Araya remercie Black Sabbath pour avoir ouvert la voie au Metal. Le groupe envoie un set ravageur : « War Ensemble », « Raining Blood » et « Angel Of Death » déclenchent un raz-de-marée de moshpits et de crowd surfing.
Guns N’ Roses enchaîne avec une prestation presque exclusivement dédiée à Black Sabbath. Axl Rose, un peu en difficulté sur certains registres, livre malgré tout un set efficace. Après « It’s Alright » et « Never Say Die », le groupe revient à ses classiques : « Welcome To The Jungle » et « Paradise City » soulèvent la foule.
Metallica et Black Sabbath : la conclusion grandiose
Metallica, introduit par Tom Morello, déchaîne le stade avec 30 minutes explosives. Les Four Horsemen vont jouer deux reprises de Black Sabbath, « Hole In The Sky » et « Johnny Blade », et assènent « Creeping Death », « For Whom The Bell Tolls », « Battery » et « Master Of Puppets », dans une ambiance électrique. Le groupe ne manque pas de souligner l’héritage inestimable de Sabbath pour toute la scène Metal.
L’adieu final d’une légende
Alors que le soleil se couche lentement sur Birmingham, le moment que toute la communauté Metal attendait avec fébrilité approche. Ozzy Osbourne réapparaît sur scène, surgissant du sol sur un trône illuminé, tel un roi célébré par son peuple. Un trône nécessaire, car la maladie de Parkinson ne lui permet plus de tenir debout longtemps, mais son aura, sa voix et son humour sont bel et bien toujours là.
La foule retient son souffle. Ozzy prend la parole avec émotion, remerciant le public, sa famille, ses fans, et surtout sa femme Sharon, qu’il décrit comme « la seule personne assez têtue pour organiser cet événement et me permettre de dire au revoir comme il se doit ». Ces mots déclenchent une vague d’applaudissements et d’émotion dans le stade.
Dès les premières notes de « Mama, I’m Coming Home », beaucoup dans le public ont les larmes aux yeux. Ozzy aura précédemment joué « I Don’t Know », « Mr. Crowley » et « Suicide Solution », porté par les chœurs de dizaines de milliers de fans qui scandent chaque parole. Puis retentit un « Crazy Train » vibrant, un des morceaux les plus emblématiques de sa carrière solo, repris en chœur par l’ensemble du stade dans une atmosphère presque irréelle pour clôturer le set.
Mais le moment le plus attendu reste encore à venir : Black Sabbath s’apprête à monter sur scène pour un ultime concert. Une vidéo hommage retrace l’histoire du groupe, de leurs débuts modestes dans les rues de Birmingham à leur consécration comme pionniers du Heavy Metal. On y voit des images d’archives, des extraits de concerts mythiques, des moments de studio, le tout ponctué de témoignages d’artistes qui leur doivent tant.
Puis, le quatuor originel entre en scène : Tony Iommi, toujours aussi majestueux, distille ses riffs lourds et ses solos hypnotiques, Geezer Butler, le groove imperturbable, fait vibrer la basse dans tout le stade, et Bill Ward, derrière ses fûts, frappe chaque mesure avec une précision et une certaine énergie qui forcent le respect. Ozzy, malgré son état de santé, incarne encore le frontman charismatique qu’on a toujours connu.
Le groupe démarre avec un « War Pigs » monumental, véritable hymne de toute une génération. « N.I.B. » enchaîne, ses lignes de basse résonnant dans chaque recoin du stade. Puis vient « Iron Man », repris en chœur par un public unanime, le poing levé, savourant chaque instant comme si le temps s’était suspendu.
Le concert défile trop vite, mais chaque seconde est savourée. Personne n’aurait imaginé pouvoir revivre un tel moment, tant la santé d’Ozzy laissait planer l’incertitude. Et pourtant, ils sont là, tous réunis, pour cet ultime tour de piste, cette dernière célébration.
Dans les tribunes, les regards se croisent, les sourires et les larmes s’entremêlent. Les invités du jour, les artistes, les techniciens, tous partagent la même émotion brute et sincère. C’est la fin d’une époque, le point final d’une aventure démarrée il y a plus de cinq décennies, ici même à Birmingham.
Le set s’achève dans une ambiance lourde de nostalgie, Ozzy remercie une dernière fois le public d’une voix tremblante mais déterminée. Le groupe salue, humblement, avant de quitter la scène.
Puis, un immense feu d’artifice éclate dans le ciel nocturne, illuminant Birmingham de mille couleurs, comme un symbole : cette histoire qui a commencé ici, à la fin des années 60, s’achève ce soir, là où tout a débuté.
Back To The Beginning, ce n’était pas qu’un concert, mais un moment historique, un adieu déchirant et majestueux à Ozzy Osbourne, à Black Sabbath, et à tout ce que ce groupe a représenté pour le Heavy Metal et la musique dans son ensemble.
Un chapitre se ferme. La légende, elle, reste éternelle.
