Live Report : Perturbator & Carpenter Brut à L’Olympia (Paris)

Live Report : Perturbator & Carpenter Brut à L’Olympia (Paris)

En ce 30 octobre 2023, veille d’Halloween, l’Olympia nous régale : ce n’est pas Carpenter Brut qui est programmé, ni Perturbator, mais bel et bien les deux poids lourds de la darkwave ensemble pour une affiche qui fait saliver tous les amateurs de ce style. Il n’est pas étonnant, au vu de la popularité exponentiellement grandissante de ce genre dans le milieu metalhead, de constater que cette soirée est à guichets fermés depuis bien longtemps. Pour l’anecdote, c’est la première fois que nous assisterons à un concert de Perturbator alors que c’est la troisième fois en 365 jours que nous avons la chance de voir Carpenter Brut sur scène, après le Hellfest 2023 et un concert au Zénith de Paris le 30 octobre… 2022. Notons d’ailleurs que nous sommes assez curieux sur le choix de la salle, étant donné que Carpenter Brut affichait complet l’an dernier au Zénith de Paris sur son seul nom en tête d’affiche. De ce fait, pourquoi choisir une salle plus petite, qui plus est accompagné de Perturbator ? Choix curieux, mais ce n’est pas plus mal, cela permettra d’être dans un cadre plus intimiste !

Nous arrivons sur le parvis de l’Olympia au moment où Ho99or, assurant la première partie des deux têtes d’affiche françaises, clôture son set. Nous aurions aimé assister à leur prestation (les ayant déjà loupés durant le Hellfest), mais diverses péripéties nous ont empêchés d’arriver à l’heure. Nous prenons donc notre mal en patience au merch, qui fait la part belle aux vinyles de Perturbator et de Carpenter Brut (de nombreuses éditions limitées et numérotées étaient présentes) ainsi qu’aux t-shirts à l’effigie des deux têtes d’affiche, dont un superbe t-shirt reprenant le visuel de la tournée commune (à 25€, ce qui est un prix convenable). Une fois les emplettes faites, direction la zone concert pour le début du set de Carpenter Brut qui, surprenant pour certains, passe avant Perturbator. Si Carpenter Brut semble être plus populaire aujourd’hui (en atteste son passage sur la Mainstage 1 du Hellfest 2023 en clôture du samedi après, excusez du peu, Iron Maiden), Perturbator a une ambiance encore plus obscure que Carpenter Brut, collant potentiellement mieux avec un passage en seconde partie de soirée.

Quoi qu’il en soit, c’est à 21 heures tapantes que les premières notes d’Opening Title résonnent dans la sono de l’Olympia, avant que Carpenter Brut n’entame un Straight Outta Hell dévastateur. L’Olympia est plein comme un œuf, à tel point qu’il est extrêmement difficile, voire impossible, de se mouvoir pour voir Franck B. Carpenter (Franck Hueso à l’état civil), accompagné d’Adrien Grousset et Florent Marcadet (respectivement à la guitare et à la batterie), de plus près. The Widow Maker et Roller Mobster, tous deux plus dansants, seront interprétés à la suite, avant la pépite Beware the Beast, qui verra l’Olympia chanter à tue-tête son refrain. On a pu danser, s’amuser et avoir le sourire ; place désormais à un changement d’ambiance avec le combo toujours monstrueux Day Stalker / Night Prowler, qui monte crescendo dans la violence durant le jour, jusqu’à arriver dans une sorte de furieuse transe psychopathe à la tombée de la nuit. Nous vous conseillerons presque d’aller voir Carpenter Brut sur scène uniquement pour vivre l’enchaînement de ces deux titres !

On revient à quelque chose de plus catchy avec Disco Zombi Italia suivi d’Imaginary Fire, oscillant entre moments planants qui permettent de souffler et parties très énervées qui permettent au pit de s’en donner à cœur joie. Ne pouvant pas nous déplacer pour rentrer dans le pit, nous profitons du superbe (le mot est faible) lightshow proposé, parfaitement adapté à chaque titre et à leur ambiance, nous permettant non pas d’assister à un simple concert mais de vivre une réelle expérience immersive. Nous en prenons plein les yeux et aucun titre joué ne ressemble visuellement au précédent : c’est un des meilleurs lightshow que nous ayons vus en salle depuis bien longtemps ! On retourne ensuite dans une ambiance plus sombre et plus sanglante avec le très bon Color Me Blood, dérangeant à souhait, avant de plonger dans la fin des années 80 avec le très hard-rock / heavy Monday Hunt (quel solo de guitare !), suivi de Hairspray Hurricane, certes moins heavy mais plus dansant, gardant toujours cette ambiance très eighties.

Nous savons que nous arrivons tout doucement sur la fin du set : c’est donc le parfait moment pour le très obscur, si ce n’est infernal, Leather Terror, durant lequel le lightshow ainsi que les visuels derrière la scène nous conduisent tout droit en enfer de façon fascinante, comme si Carpenter Brut venait directement récolter nos âmes. Dieu merci, ils nous en font grâce, ce qui est primordial pour pouvoir profiter de la fin du show, durant lequel nous avons évidemment droit à Turbo Killer, qui voit l’Olympia se déchainer, suivi d’un enchaînement aux petits oignons composé de 5 118 574 et de Le Perv, qui fait même lâcher une petite larme à notre voisine dans la fosse. Il faut dire que la fin de ce titre dégage un nous ne savons quoi de puissant, de planant, nous faisant perdre pied et nous transportant dans une autre dimension, ce qui est assez difficile à matérialiser par écrit. Il faut le vivre pour le comprendre ! Carpenter Brut finit par clôturer son set avec son incontournable reprise de Maniac de Michael Sembello, qui voit l’Olympia se transformer en un immense dancefloor pendant que les paroles de ce titre sont diffusées sur l’écran géant derrière la scène, accompagnées d’un petit film. Il est déjà 22h10 et, comme à leur habitude, Franck B. Carpenter et ses comparses quittent la scène sans dire un mot, mais non sans rester quelques longues secondes sur scène à remercier leurs fans par des gestes sans équivoque. Un très bon concert, mais peut-être en dessous du show monstrueux donné lors du dernier Hellfest (en même temps, était-ce vraiment comparable, ne serait-ce qu’en termes de moyens mis à disposition ?). Ne boudons cependant pas notre plaisir et rappelons-nous que si nous avons eu la chance de les voir 3 fois en un an, ce n’est pas le cas de tout le monde et qu’il ne fait nul doute que celles et ceux qui voyaient Carpenter Brut pour la première fois ce soir en ont déjà eu pour leur argent.

Oui, « déjà », car après un entracte d’un gros quart d’heure et une attente accompagnée de morceaux très orientés black / death metal, c’est Perturbator qui se présente sur les planches de l’Olympia, devant une structure fixe ornée d’un pentacle. Nous sommes impatients de voir ce que James Kent (à l’état civil) et Dylan Hyard (batterie) ont à nous proposer car, il faut bien l’admettre, les productions studio de Perturbator tournent moins sur nos playlists que celles de Carpenter Brut. C’est sur Excess que Perturbator ouvre son set, dans un décor sombre, ayant pour seules sources lumineuses des spots bleus et la structure scintillante. On est tout de suite plongé dans une ambiance obscure mais furieuse, mélancolique mais énergique, assez indescriptible mais ô combien prenante. Suite à cette mise en bouche, nous avons droit au très bon She Is Young, She Is Beautiful, She Is Next, qui commence à nous faire remuer fortement la tête dans une ambiance toujours sombre mais dansante, pour un titre qui aurait parfaitement sa place dans un film de la fin des années 80 ou dans un jeu vidéo rétro. Neo Tokyo prend la suite et on commence à voir la fosse se déchainer comme rarement, dans une transe collective et sur un son boosté aux hormones. Mais que dire de Future Club, acclamé par l’ensemble de l’Olympia et qui porte si bien son nom, tant on a l’impression d’être dans une boite de nuit futuriste ? Nous restons sans voix devant la puissance dégagée par ce titre, qui sera suivi de Death of the Soul, permettant presque de souffler un peu. Le son est très fort et bien plus prononcé que sur disque, on a la sensation d’être face à des interprétations avec tous les réglages poussés au maximum et, dans ces conditions, le titre She Moves Like a Knife, déjà excellent en version studio, vient fracasser les enceintes de l’Olympia, dans un lightshow tout simplement incroyable et indescriptible. L’un des grands moments de cette soirée, tant ce morceau empêche quiconque dans la fosse de rester immobile.

On pensait qu’on avait déjà pris une claque durant cette première partie de concert, mais voilà que Perturbator décide de nous faire tendre l’autre joue au travers de Diabolus Ex Machina qui, une nouvelle fois, nous transporte vers un autre univers. Nous avons ensuite droit à Weapons for Children avant un des classiques de Perturbator, à savoir Humans Are Such Easy Prey, dont le final épique, obscur, violent et dérangeant, voit la création de solides moshpits : en même temps, comment y résister ? C’est un concert magistral auquel nous avons la chance d’assister et, si les esprits se calment un peu grâce au lourd tempo de Messalina, Messalina, donnant presque une sensation de recueillement général, puisant dans l’âme de chacun, nous replongeons de plus belle dans la folie grâce à un Venger bien plus catchy, dansant et synthwave. On demeure impressionné par la puissance de ce concert, par les effets scéniques malgré une structure fixe et par les changements d’ambiance, mais que dire de la performance de Dylan Hyard ? Il aura été monstrueux durant tout le concert, apportant énormément derrière ses futs et étant une véritable valeur ajoutée sur scène. Perturbator finit son set avec le planant Tactical Precision Disarray suivi du monstrueux Tainted Empire, qui voit les fans donner le peu d’énergie qu’il leur reste dans un final absolument dantesque, sous une explosion de lumières et de sons, le tout dans des changements de rythmes frénétiques, avant que le son ne se coupe brutalement. Nous sommes surpris par cette fin, ne réalisant pas vraiment ce qu’il venait de se passer, tant ce concert était d’une autre dimension. Les artistes remercient leur public de la même façon de Carpenter Brut, sans un mot mais avec des gestes sans équivoque durant de longues secondes sur scène. Il est 23h30 et nous nous dirigeons vers la sortie de l’Olympia, accompagnés de Plan à Dix d’Alkapote dans les enceintes : décidément, un concert comme aucun autre !

Alors, que retenir de cette soirée ? Si le show de Carpenter Brut était très bon mais difficilement comparable à celui proposé au Hellfest 2023, la performance de Perturbator a mis tout le monde d’accord, tant la gifle a été violente. Pour s’en convaincre, il suffisait de voir la longue queue au stand de merch de ces derniers à la fin de leur prestation, ce qui est généralement assez rare après un concert. Si les chances de revoir Carpenter Brut au Hellfest 2024 sont infimes (car déjà à l’affiche lors de la dernière édition), nous prions désormais pour que Perturbator le soit, deux ans après son dernier passage à Clisson, tant nous avons vécu une soirée exceptionnelle, parfaitement dans le thème d’une veille d’Halloween. Allez, mouillons-nous : parmi toutes les soirées concerts auxquelles nous avons pris part en 2023, difficile d’en trouver une meilleure tant Carpenter Brut et surtout Perturbator nous ont déboité la mâchoire. Nous irons même plus loin : le seul concert de Perturbator de ce lundi 30 octobre 2023 est certainement dans le top 5 des concerts auxquels nous avons pu assister de notre vie. Alors, si nous rajoutons celui donné ce soir par Carpenter Brut dans l’équation, nous pouvons dire haut et fort que cette soirée se classe sur le podium de l’ensemble des soirées concert auxquelles nous avons pu assister durant notre existence. Sur le podium donc, et pas sur la plus petite marche.

 

Ce report est dédié à notre ami Remy Rocq, décédé brutalement dans la nuit du 31 octobre 2023 à l’âge de 21 ans. Nos pensées vont à sa famille, ses proches ainsi qu’à l’ensemble des participants de KLCF, jeu dont il est à l’origine. Nous ne t’oublierons pas.

 

Perturbator & Carpenter Brut @ Olympia, 30 octobre 2023

Flavien Dublineau

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