Live Report : GHOST, ALL THEM WITCHES et TRIBULATION au Zénith (Nantes)
Après 26 dates effectuées dans les stades, cet été, en « Special Guest » de Metallica sur la tournée WorldWired, et 32 concerts donnés en tête d’affiche cet automne, en Amérique du Nord, Ghost poursuit son Ultimate Tour Named Death en Europe à partir du 16 novembre à la Motorpoint Arena de Nottingham. Tout ce beau monde a sillonné la Grande-Bretagne et l’Europe pendant 5 semaines jusqu’au Zénith de Toulouse, en France, le 19 décembre (ndlr: Live Report de Toulouse à lire en suivant ce lien).
Et ce 18 décembre, j’avais la chance d’assister à la grande messe de Ghost pour achever ma propre saison musicale et photographique 2019.
Il est environ 18h45, lorsque les lumières s’éteignent et que de l’encens se répand sur les premiers rangs: Tribulation fait son entrée. Groupe suédois composé de Johannes Andersson à la basse et au chant, Jonathan Hultén à la guitare, Oscar Leander à la batterie, et d’Adam Zaars à la guitare rythmique. Une ambiance obscure et envoûtante envahit le Zénith. Le jeu de scène de Jonathan Hultén y contribue largement. Il capte d’ailleurs toute l’attention puisque les autres membres du groupe restent très statiques en comparaison. Pour un groupe qui n’officie pas dans mon style favori, c’est une belle découverte et une bonne prestation.
Je profite du changement de plateau, pour saluer une partie des amis présents dans la salle. Je ne pensais pas en croiser autant ce qui rend cette soirée encore plus agréable. Les notes de War Pigs de Black Sabbath annoncent l’entrée des américains (Nashville/Tennessee) de All Them Witches. Le groupe, en trio depuis le départ du claviériste fin 2018, est désormais composé de Charles Michael Parks Jr au chant et à la basse, Robby Staebler à la batterie, et de Ben McLeod à la guitare. Le changement de style et d’atmosphère est radical par rapport à Tribulation, avec un stoner lourd, puissant et parfaitement maîtrisé.
Vers 21h, pas de Masked ball pour annoncer l’arrivée du Cardinal Copia (Tobias Forge) et de ses Nameless Ghouls mais une musique liturgique l’accompagne. Les lumières jaillissent et nous découvrons une scène magnifique, avec de grands vitraux en backdrop et des marches qui y mènent. Au milieu de ces dernières, un plateau avec un côté pour les claviéristes et un autre pour le batteur et un guitariste/choeur. Les deux autres guitaristes et le bassiste sont disposés de chaque côté de la scène.
La messe débute avec des titres du dernier opus Prequelle, Ashes suivi de Rats. Le Cardinal Copia a revêtu son plus beau costume rouge pour débuter cette soirée, et il changera plusieurs fois de tenues au cours du show. Le public est déjà sous l’emprise du maître de cérémonie.
Il enchaîne avec Absolution de l’album Méliora, Faith, Mary on a cross, Devil church . S’en suivra une battle des deux guitaristes qui tire à mon humble avis un peu trop en longueur, chose à laquelle nous n’étions pas habitués. L’excellent morceau Cirice signale la reprise, Miasma voit l’apparition de Papa Nihil et de son saxophone puis la setlist se complètera avec Ghuleh / Zombie Queen, Helvetesfonster, Spirit, From the pinnacle to the pit, Ritual, Satan prayer, Year zero, Spöksonat He is, Mummy dust, Kiss the go-goat, Dance macabre et enfin Square Hammer.
En 2016 lors de la tournée Black to the future on observait déjà une sorte de dé-diabolisation du groupe, Papa Emeritus prenant plus souvent la parole que sur les années précédentes. Aujourd’hui le processus continue et on voit que les suédois ont à coeur de rendre l’image du groupe « acceptable » par le plus grand nombre. C’est là, que les avis divergent avec le fameux “c’était mieux avant” qu’ont certains. Pour ma part, je dirai que c’est différent. Non pas pour rester courtois, mais parce qu’en effet, même si je préférais le côté théâtral, sombre et mystérieux des débuts qui a très largement contribué à sa renommé, le petit frisson qui vous parcourait l’échine lorsque Papa Emeritus plongeait ses yeux dans les vôtres, ou bien encore les masques de la tournée précédente plus maléfiques avec ce flou qui remplaçait la bouche, il faut admettre que Ghost a pris une autre dimension et ce qui était possible dans une salle de taille moyenne, ne l’est plus dans un Zénith. Il faut savoir adapter le concert au lieu.
De toute façon lorsqu’un groupe ne change rien on sait lui reprocher, et lorsqu’il évolue, on lui reproche aussi de la même manière. Il est aujourd’hui impossible de contenter tout le monde à la fois.
Quoi qu’il en soit, la messe pop rock a été dite: nous avons assisté à un show digne de ce nom, une belle scénographie servie par de belles lumières. Le frontman Tobias Forge, en forme, délivre deux heures de pur bonheur: alors, ne boudons pas notre plaisir !