Live Report : AVATAR à Ris-Orangis (Le Plan)
Presque un an jour pour jour après leur passage dans un Olympia à guichets fermés (le 10 mars 2023), c’est cette fois-ci au Plan de Ris-Orangis que nous avons le plaisir de retrouver les Suédois d’Avatar, à nouveau pour une date qui fait salle comble (comme les 10 autres dates (!) de leur tournée française en cette année 2024). Avant toute chose, arrêtons-nous sur la localisation de ce concert. Nous ne connaissions pas Le Plan de Ris-Orangis et nous fûmes surpris de voir un groupe de l’ampleur d’Avatar passer en périphérie parisienne (qui plus est après leur sold-out à l’Olympia l’an dernier). C’est une très belle prise pour cette salle fort sympathique, au son très bon, proposant une retransmission du concert en direct au niveau du bar à l’extérieur de la zone de concert pour ne rien louper en cas de petite soif et surtout à quelques pas des transports en commun. Cette salle dégage un petit quelque chose de très plaisant et d’un peu obscur en même temps, semblant perdue au milieu de nulle part : cela change des salles parisiennes et ce n’est pas pour un mal, loin de là ! La configuration même de cette salle de 800 places environ permet de se sentir en proximité directe avec les artistes, bien plus que dans certaines petites salles parisiennes, avec une fosse bien définie et un parterre debout surélevé pour que personne ne manque la moindre miette du show. Que du bon donc, sauf pour ce qui est de l’accès à celle-ci en ce 16 mars 2024. Alors certes, Le Plan n’y est pour rien, mais que de galères… Nous sommes partis à 19h et, jouant de malchance et de multiples lignes ralenties ou supprimées ainsi que d’une fréquence des RER somme toute aléatoire (merci aux futurs Jeux olympiques), de détour en détour, nous finissons par être sur place à 21h15 : bien loin des 19h55 prévues !
Nous arrivons donc après le passage d’Urne et nous prenons place dans la salle à la fin du premier titre d’Avatar, Dance Devil Dance. Le groupe nous joue ensuite le classique The Eagle Has Landed avant d’interpréter le très heavy Valley of Disease. Avatar, comme à son habitude, tient la scène comme peu de groupes le font actuellement. Ce n’est pas Chimp Mosh Pit et Paint me Red qui nous feront penser le contraire, tant chaque membre du groupe sait ce qu’il a à faire et le fait à la perfection. C’est un sentiment assez complexe, tant on sent que le show est à la fois millimétré et à la fois imprévisible, ceci renforcé par le véritable rôle de Monsieur Loyal incarné par le chanteur Johannes Eckerström, grimé de son maquillage si particulier. Nous sommes en face d’un véritable cirque du metal, comme l’indiquent certains t-shirts en vente avec l’inscription « metal circus » !
Nous avons le temps de nous remettre un peu de nos émotions avec le très bon Bloody Angel, avant de repartir sur du très lourd avec For The Swarm, qui nous fera souffrir des cervicales le lendemain, tant on ne peut s’empêcher de headbanger. Nous avons droit ensuite à un nouveau relâchement de pression avec Puppet Show, durant lequel Johannes Eckerström quitte la scène, laissant ces acolytes durant un petit pont instrumental. Quelle n’est pas notre surprise que de l’apercevoir quelques instants plus tard dans les gradins, en train de gonfler un ballon saucisse (mais si, vous voyez très bien de quoi nous parlons, les ballons que les clowns plient et nouent…), le tout accompagné de mimiques toutes plus expressives que les autres. Encore mieux, le frontman nous sort ensuite un trombone pour en jouer au-dessus de la foule et accompagné des applaudissements de celle-ci. C’est bien simple, si le « metal circus » devait être résumé en un seul titre, cela serait via Puppet Show, tant celui-ci combine parfaitement une ambiance de cirque et tout ce qu’on attend d’un titre de metal moderne. C’est toujours une folie que de voir ce titre en live !
Après ce long mais génial passage, nous avons droit à l’hybride When The Snow Lies Red, oscillant entre metal moderne et, cette fois, ambiance planante, sur laquelle on sentirait presque quitter le sol. Est-ce dû à la fosse qui se donne sans se ménager depuis le début du concert ? Peut-être en partie, car il faut bien dire que celle-ci est très chaude : nous pouvons le voir de par tous ces cheveux dégoulinants de transpiration ! Do You Feel in Control ?, malsain et théâtral à souhait, puis Black Waltz, toujours excellemment interprété par les musiciens en headbanging quasi constant, continuent de faire bouger Le Plan, plein comme un œuf. Les planches de ce dernier se verront ensuite être le théâtre d’un duel de solis entre les deux guitaristes (le tout accompagné d’un homme masqué tel un bourreau devant prendre parti pour le meilleur), avant la vraie balade d’Avatar, à savoir Tower, qui se verra être introduite au piano par Johannes Eckerström (ayant regagné la scène au travers d’un paquet-surprise et avec des ballons de baudruche) pour un nouveau moment planant. C’est après ce titre et une reprise générale des esprits que le groupe nous interprète un Colossus tout simplement monstrueux, tant dans l’interprétation que dans le lightshow.
Nous sommes très surpris de l’ambiance scénique en général et, même si ce concert ressemble beaucoup à celui de l’Olympia l’an dernier, nous sommes toujours bluffés par les différents décors, animations et jeux de lumière durant tout le set. Évidemment, nous ne sommes pas au niveau d’un Carpenter Brut ou d’un Perturbator, mais il faut bien reconnaître que nous en prenons plein les yeux, en plus des oreilles ! Let It Burn viendra continuer le fer tant qu’il est encore chaud (ou tant qu’il brûle…) avant un changement de décor, précédé par une petite rave party proposée par John Alfredsson, batteur de la formation (et accompagné du « bourreau » pour une petite minute de danse). Ce changement de décor voit le dessus de la scène être supplanté par deux immenses portraits de Jonas Jarlsby, l’un des deux guitaristes. Guitariste ? Non, plutôt le roi d’Avatar Country ! C’est accueilli comme tel et avec une couronne sur le crâne que ce dernier se présente sur scène, sous une haie d’honneur formée par le groupe. Le roi ne manquera pas de saluer ses fidèles d’un mouvement de main mécanique, avant d’interpréter les premières notes de A Statue of the King qui, comme d’habitude, fera imploser le pit et la salle dans sa globalité.
Lessivés, nous retrouvons les membres d’Avatar quelques instants après qu’ils aient quitté les planches pour un rappel composé de The Dirt I’m Buried In, avant que notre cher maître de cérémonie nous accorde deux titres supplémentaires grâce aux cris de la foule, le tout dans un discours très drôle (beaucoup de spectateurs rigolent durant les multiples prises de paroles de Johannes Eckerström, nous y compris). Nous avons donc droit aux désormais incontournables Smells Like a Freakshow et Hail the Apocalypse qui, sous une pluie de confettis et d’étincelles, finissent d’achever un public de passionnés dont les membres n’auront pas arrêté de donner de la voix durant ces deux heures de concert. Deux heures qui ont semblé n’être qu’une demi-heure, tant le concert fut excellent.
Encore une fois, nous avons eu droit à une très solide performance d’Avatar, qui ne déçoit jamais sur scène. Le fait d’avoir pu voir le quinquet suédois dans une salle plus intimiste (loin des festivals ou des salles parisiennes), dans laquelle nous avons pu ressentir une véritable connexion avec le groupe, en marquera plus d’un (nous nous incluons dedans). Même si on pourrait pester sur une setlist très similaire à celle proposée sur les planches de l’Olympia l’an dernier (la seule différence aura été l’interprétation de Paint Me Red, remplaçant Scream Until You Wake), nous avons assisté à un concert qui fera date dans l’histoire du Plan de Ris-Orangis ainsi que dans la forte histoire d’amour entre Avatar et la France. C’est simple, si vous avez l’occasion de voir les Suédois sur scène, n’hésitez pas : en plus de tenir la scène et de proposer un show comme peu de groupes peuvent le faire actuellement, l’univers même que le groupe s’est construit et qu’il nous propose est tout simplement sans pareil. Croyez-nous sur parole : cela vaut largement quelques galères de transports.