Interview : HEADCHARGER
Avec la sortie de leur 5ème album intitulé « Black Diamond Snake », HEADCHARGER revient une nouvelle fois sur le devant de la scène avec un album réussi (Dont la chronique est à lire en suivant ce lien). Tout en conservant la même voie, le combo Caennais, continue d’évoluer. Il était donc temps d’en savoir un peu plus et c’est Antony qui a bien voulu répondre à mes questions.
Après deux albums chez XIIIBis Records, vous êtes passés chez VeryCords, pourquoi ?
Antony : On connaît bien les gars de Verycords, d’ailleurs une partie sont des transfuges de XIII bis. Le jour où on a su qu’ils étaient intéressés par nous, on a foncé. XIII bis était en proie à des difficultés financières et structurelles qui ne permettaient plus pour nous d’envisager un futur serein avec eux. Verycords arrivait donc à point nommé avec un contrat qui nous garantissait de produire et de sortir le disque dans de bonnes conditions, et avec de la motivation à revendre ! Et puis bon, on rêvait tous secrètement d’avoir notre nom à coté de celui de Dick Rivers !
A chaque album, j’ai l’impression que le groupe franchit une nouvelle étape, qu’attends tu de ce cinquième album ?
Antony : on s’est mis un coup de pied au cul pour cet album, on voulait casser nos habitudes. Au bout de 5 albums, le piège c’est la routine, le « on maîtrise notre sujet », et cette sur-confiance en soi peut vite te foutre dans la merde. Du coup on a pris les devants, on a changé notre manière de faire, on s’est mis en danger…maintenant il faut attendre le retour des fans pour voir si on a réussi notre examen !
« Black Diamond Snake » semble aller encore une peu plus loin dans la voie du Rock énergique et bien énervé. Est-ce un choix particulier ou simplement ce qui vous vient naturellement ?
Antony : Disons que c’est naturellement calculé ! La spontanéité était le maître mot pendant la composition et l’enregistrement de ce disque, on voulait un truc direct, un truc qui rock. On a d’ailleurs un nouveau batteur qui est très sanguin et qui pousse le truc dans cette direction, et travailler avec lui nous a permis de retrouver une énergie de groupe qu’on avait un peu négligée auparavant. Beaucoup de répéts avec les amplis poussés jusqu’à 11, beaucoup de crises de fou rire mais aussi de prises de têtes…Black Diamond Snake, c’est un peu la somme de tout ça. Du rock, quoi !
Est-ce vraiment fini de vos anciennes influences hardcore et / ou metalcore des débuts ?
Antony : Le staff a pas mal changé depuis les débuts, je crois en effet que le hardcore est parti loin. Et puis pour ne pas te mentir, on ne joue plus de titres du premier album sur scène. C’est pas qu’on ne l’assume plus ou qu’on ne l’aime plus, mais c’est juste que c’est une partie de notre carrière qui est loin derrière nous maintenant…ça fait 10 ans tout de même ! Romain (basse) et Rudy (batterie) kiffent toujours ce style, Rudy joue même dans un groupe qui s’appelle Explicit Silence, qui fait dans le bon hardcore old-school. Pour ma part, je crache pas sur un petit Botch de temps en temps, mais de là à en rejouer, je ne sais pas, je pense que « je suis trop vieux pour ces conneries » !
Et qui y a t’il dans ton player mp3 aujourd’hui ?
Antony : Je me suis replongé récemment dans Consolers of the Lonely de The Raconteurs. Je bosse dans mon studio sur la production d’un groupe actuellement qui sont fans de ce disque, du coup je me le suis pas mal mis dans les oreilles ces derniers temps. Sinon, d’un extrême à l’autre, j’ai le dernier Carcass mais aussi le dernier Local Natives et Arts Martiens de IAM. Je suis un boulimique de musique, et aussi un collectionneur de vinyls, et ce depuis longtemps maintenant. Du coup je suis pas bloqué à un style, je ne pourrais même pas dire que j’ai un style de prédilection par rapport à un autre. Je pense sincèrement que dans toutes les musiques il y a des supers trucs, et c’est dommage de se mettre des ?illères et passer à coté de tout ça sous prétexte qu’on est un métalleux !
Si je ne me trompe pas, l’enregistrement c’est fait sur plus de 30 jours en compagnie de Guyom Pavesi, comment ca c’est passé ?
Antony : Les 2 albums précédents je les avais enregistré dans mon studio, pour celui-ci, on a fait ça aux Studios Télémaque (dans lequel je bosse), mais on a fait appel à Guyom pour les prises. L’idée c’était de retrouver une cohésion de groupe dans le process d’enregistrement. Sur les albums précédents, j’étais plus derrière les boutons que derrière une guitare, et de gérer cette double casquette musicien/ingé son c’était trop stressant, trop crevant. J’avais déjà bossé en stud’ avec Guyom sur les albums de Checkmate et Locomotive Sound Corporation, et j’aime bien sa manière sans concession de tailler dans le gras et de faire vif et spontané. Du coup, comme je te disais précédemment sur notre envie d’aller vers un truc direct, il semblait donc avoir toutes les compétences pour faire le taf !
Vous aviez gardé 12 titres en studio et seul 10 sont présents sur l’album, où sont passés les deux derniers ? 🙂
Antony : Poubelle ! Avant de rentrer en studio, on en avait déjà jeté 5 ou 6. On fait toujours comme ça, rien de tel que d’avoir le choix. Comme d’habitude, on se dit que ces titres auront peut être une autre vie (inédits, EP…) mais bon ça dépendra des opportunités et des envies.
« The Diver » était sur le Sampler de Rock Hard et « Land Of Sunshine » votre premier extrait en streaming, faut il s’attendre à un clip de l’un de ces deux titres ? Avez-vous déjà déjà une date pour un prochain clip ? Allez vous encore travailler avec Dude I’m Screwed, Jérôme Lozano & Bruno Cailloux ?
Antony : On est en plein dedans en ce moment. A vrai dire, on ne sait pas encore quel titre et quel réalisateur. Rebosser avec Jérôme et Bruno serait évidemment un grand plaisir, mais comme l’album est cette fois-ci un album concept qui raconte une seule et même histoire, on réfléchit à comment bien gérer la signature visuelle qui peut aller avec. Pour le moment on réfléchit à un truc plus « sérieux » que les clips précédents…enfin bon bref, en gros, pour l’instant j’ai pas d’infos à te donner…
Comment fait on après 10 ans, pour continuer à avoir la volonté et la passion ?
Antony : Je te mentirais si je te disais que tout est tout rose tous les jours. Evidemment il y a des hauts, des bas…c’est pas pour rien qu’il y a aussi eu des changements de personnels au sein du groupe et du staff qui l’entoure. Pour ma part ce qui me motive reste la scène. Monter sur scène c’est le meilleur truc du monde ! Faire des disques c’est un truc cool, mais c’est avant tout un alibi pour partir faire les cons sur les routes !
Et justement après 10 ans quel est le meilleur et le pire souvenir que tu gardes et pourquoi ?
Antony : Le meilleur ça reste le Sonisphere Espagnol en Juillet 2010. Premier festival de cette envergure pour nous, premières rencontres avec nos idoles, première date en Espagne, des anecdotes toutes les minutes…un souvenir incroyable. Depuis on a fait des trucs plus gros, comme le Sonisphere anglais notamment, mais celui ci garde une saveur particulière. Le pire souvenir, je sais pas…on n’a jamais eu trop de plans loose, de galère…on a toujours eu du bol quand on en a eu besoin.
Quel serait d’ailleurs le conseil que tu donnerais aux plus jeunes qui débutent seulement dans leur premier groupe aujourd’hui ?
Antony : Bosse ton instrument ! En tant qu’ingé son je suis confronté tous les jours à ce problème de l’utilisation des outils informatiques pour corriger le « jouage ». Soit tu joues comme un dieu et tu utilises ces outils pour optimiser tout ça, et là ça peut donner des trucs supers créatifs, soit tu t’en sers pour palier à tes lacunes techniques, et là c’est vraiment le pire des trucs à faire. Une fois sur scène tu ne peux plus tricher, faut envoyer le steak, tu ne peux pas te planquer derrière des triggers, du beat detective ou de l’autotune toute ta vie…ça relève de la malhonnêteté artistique ce genre d’attitude, et c’est con parce qu’en ce moment c’est la mode chez les nouveaux groupes. J’entends même dire que c’est ringard de bien jouer…
Un grand merci à Antony et à Elodie (VeryCords).
Un commentaire sur “Interview : HEADCHARGER”