Live Report : Electric Callboy au Bataclan (Paris)

Premier concert de l’année 2023 pour nous en ce lundi 16 janvier et ce sont les Allemands d’Electric Callboy que nous avons le plaisir de revoir dans un Bataclan affichant complet depuis belle lurette. Cette date, comme l’ensemble de la tournée française du groupe en ce mois de janvier (passant par Strasbourg, Lille, Toulouse ainsi que Lyon) fait suite à un report, la date originelle (le 2 octobre 2022) ayant dû être décalée en raison de problèmes vocaux d’un des deux chanteurs, Nico Sallash.
Nous n’arrivons qu’aux alentours de 20h10 devant un Bataclan bondé, devant lequel la file d’attente est longue de plusieurs dizaines de mètres. Comme lors de leur dernier passage parisien au Trabendo en mars dernier, de nombreux fans viennent habillés, malgré le froid, en jogging flashys, débardeurs so 80’s, affublés de serre-têtes de tennismen, de perruques mulets et de tout ce qui peut rappeler de près ou de loin le kitsch de la fin des années 80/début des années 90. Nous rejoignons Pierrot (qui devient de plus en plus présent dans nos écrits) et ne pénétrons dans le Bataclan qu’à la toute fin du set de la première partie, Annisokay. De ce que nous avons pu entendre de l’extérieur, cela semblait être un metalcore plutôt efficace, sans pour autant être transcendant (mais nous nous abstiendrons de tout avis définitif). Le genre de groupe qui est recruté pour faire chauffer une salle avant la tête d’affiche et, au vu de la chaleur étouffante dans la salle parisienne, il semblerait que la mission ait été réussie !
Après un entracte d’une petite demi-heure durant laquelle nous jetons un œil au (décevant) stand de merchandising, les lumières s’éteignent, ne laissant apparaître qu’un grand drap à l’effigie d’Electric Callboy, qui a véritablement changé de dimension depuis 2020 et la sortie de l’EP MMXX. Trabendo et Motocultor en 2022, Bataclan aujourd’hui avant un passage à venir à l’Olympia en avril prochain ainsi qu’au Hellfest : une telle progression en si peu de temps en ferait rêver plus d’un ! Il est pile 20h45 quand celui tombe et que les têtes d’affiche se présentent à nous, vêtus de leurs fameux joggings sortis d’un autre temps. Pas de temps à perdre, le désormais culte Pump It ouvre le set des Allemands, sous une pluie de confettis et devant une fosse en délire absolu, exultant devant le premier morceau de la nouvelle Sainte Trinité d’Electric Callboy.
Passé cette succulente mise en bouche, nous avons droit à deux autres titres très funs, toujours interprétés en jogging, à savoir Arrow of Love et Hate/Love, avant que le groupe ne prenne la parole pour la première fois afin de remercier son public. S’en suivra l’ancien The Scene pour les fins connaisseurs, puis le toujours très fun Castrop X Spandau (on en finirait presque par oublier qu’il s’agit à l’origine d’un feat sur lequel le groupe fait figure d’invité) avant un petit interlude durant lequel seront interprétés quelques riffs tel que celui de Smells Like Teen Spirit entre autres, accompagnés par quelques blagues lancées par le groupe. Supernova prendra la suite, mais malgré un excellent light-show alternant entre bleu, noir et blanc, le titre ne convainc que peu l’assemblée, celle-ci demeurant assez statique durant ce titre. Cela nous permet de nous faire rejoindre par Claire, que nous avions rencontrée en mars au Trabendo et que nous avons le plaisir de retrouver à nouveau !
Alors que l’ambiance était un peu retombée, MC Thunder II (Dancing Like a Ninja) va se charger de remettre un peu de folie dans l’enceinte du Bataclan (c’est durant ce morceau que l’on voit les premiers slameurs), avant un nouvel interlude durant lequel le groupe remercie les fans pour le très bon accueil offert à Tekkno, leur dernier album, disque qui confirme leur changement de voie musicale, passant d’un metalcore somme tout assez classique à un mélange entre metalcore, parodies, musiques typées pour un dancefloor et pour s’éclater, un ou deux verres à la main ! Tekkno Train, annoncé via des mimes et imitations vocales de train par le groupe, précédera le second morceau de la nouvelle Sainte Trinité, qui n’est autre que l’excellent Hypa Hypa, interprété sous une nouvelle pluie de confettis et avant lequel le groupe a une nouvelle fois changé de tenue, cette fois-ci en s’affublant d’accoutrements à en faire pâlir de jalousie les plus grands stylistes de ce monde.
On revient ensuite à des morceaux plus typés metalcore mais qui font toujours leur petit effet, à savoir Crystals, avant lequel le groupe remercie et félicite les parents situés dans les tribunes ayant amenés leurs enfants de « faire vivre la scène au travers des générations » et Best Day, durant lequel le groupe demandera à la fosse de s’agenouiller avant de ne sauter comme un seul homme lors des premières notes. Comme tous les autres morceaux, le light-show nous en met véritablement plein les yeux, mais nous ne pouvons toutefois pas en dire autant du son, franchement moyen (on a déjà eu BEAUCOUP mieux dans cette salle). Cela nous gâche certains morceaux où l’on ressent un manque de puissance et de clarté, nous apportant une certaine frustration. Pour le coup, c’est vraiment dommage.
Malgré cela, l’ambiance reste très fun, que cela soit sur scène ou dans la fosse : on sent que les membres d’Electric Callboy ont une vraie confiance en eux et, tel un groupe comme Avatar pour rester dans les nouveaux noms qui comptent, savent comment tenir une scène et leur audience. Preuve en est faite lors de Hurrikan (précédée de Parasite), durant lequel le groupe demande à ses fans de trouver chacun un partenaire et de danser un slow avec durant la première partie du titre (ceux qui ont vu le clip de ce titre auront la référence) ! MC Thunder viendra « clore » le set des Allemands sous des confettis dorés, qui finiront évidemment par revenir pour un premier rappel composé de Mindreader, porté une nouvelle fois par un light-show aux petits oignons (nous insistons dessus, mais quelle claque !), avant que l’excellent Spaceman ne retourne une nouvelle fois la fosse, pour le plus grand bonheur de cette dernière.
Nouveau rideau, nouveau rappel, nouvelles tenues : les fans le savent, seul We Got The Moves, dernier titre de la sainte trinité d’Electric Callboy, peut clôturer efficacement un concert plus que sympathique, le tout sous un déluge de confettis et de rubans. Néanmoins, selon notre point de vue (partagé par un certain nombre de fans ayant déjà assisté à un show des Allemands précédemment, dont Claire et Pierrot), ce concert était en deçà de celui du Trabendo. Peut-être était-ce dû au son ? Peut-être était-ce dû à la nouvelle renommée du groupe et au côté moins intimiste du Bataclan ? Peut-être était-ce dû au fait que, finalement, nous avons eu la chance de les voir deux fois en moins d’un an ? Quoi qu’il en soit, nous en garderons un souvenir un peu moins impérissable que lors de leur précédent passage parisien. Cela dit, celles et ceux qui les voyaient pour la première fois, il ne fait nul doute que le concert fût exceptionnel, tant ce groupe ainsi que son nouvel univers cassent les codes d’un style que l’on pensait très strict, très carré et très typé.
Electric Callboy est en passe de devenir, comme Alestorm l’est déjà, le plaisir coupable des metalheads. On sait à quoi s’attendre en y allant et, aussi élitiste que le metalhead peut l’être, il est impossible de ne pas prendre son pied et de s’éclater une fois devant eux, tant le groupe maîtrise son sujet et son audience, affichant une bonne humeur à faire décrocher un sourire à un agelaste (ce Vamos a la Playa diffusé dans la sono en outro, quelle brillante idée !). Alors, si vous avez l’occasion de les voir le 29 avril prochain à l’Olympia ou en juin au Hellfest (et nous avons hâte de les voir à Clisson), n’hésitez pas une seule seconde et sortez vos vêtements flashys ainsi que votre plus beau jogging. Electric Callboy fait partie de ces groupes au style si particulier que chacun peut s’y amuser, sans même être un fan de metal, et passer un excellent moment. N’est-ce pas finalement tout ce qui compte ? Nous vous laissons répondre à la question et, en attendant, nous allons prendre rendez-vous chez le coiffeur : il paraît que la coupe mulet revient à la mode.