10 questions à Dirk Verbeuren de BENT SEA

10 questions à Dirk Verbeuren de BENT SEA
Photos © 2011 Hannah Verbeuren – www.hannahvphotography.com

BENT SEA

Dirk Verbeuren connu, entre autres, pour ses participations à SOILWORK et à SCARVE, nous avait balancé son projet « extrême » BENT SEA dont la chronique est disponible ici. Un nouveau projet GRIND qui soulignait un rapprochement avec Devin Townsend et voyait également la participation de Sven De Caluwé (ABORTED). Il fallait donc en savoir un peu plus sur ce projet et sur ce batteur talentueux.

1/ Tu as récemment participé au deuxième album solo de Jeff Loomis (NEVERMORE), peux-tu nous en dire un peu plus ? Quelle était ta mission ? Penses-tu avoir assez de liberté pour exprimer ton « art » comparé à une collaboration habituelle au sein d’un groupe comme SOILWORK ?

Je suis très heureux d’avoir pu enregistrer avec Jeff. Quel guitariste virtuose, son jeu est d’une fluidité incroyable ! A mes yeux, il a composé un album vraiment diversifié et inspiré. Il m’a donné beaucoup de liberté et je ne me suis pas senti limité, bien au contraire. Le défi dans ce genre d’enregistrement, c’est de trouver le juste équilibre pour chaque titre. J’ai tendance à en mettre partout, et le travail en tant que batteur de session m’a appris à réévaluer mon jeu. En même temps, je privilégie une approche spontanée, avec une bonne dose d’improvisation en studio. Ce qui vient naturellement finit souvent par être la meilleure approche.

2/ Tu me donnes le sentiment de collaborer régulièrement aux projets de Devin Townsend, d’où vient le rapprochement qu’on retrouve avec BENT SEA ?

J’ai eu la chance énorme de passer pas mal de temps avec le sieur Townsend cette année. On a le même sens de l’humour, c’est toujours l’éclate quand on se voit ! Musicalement, j’en apprends énormément et c’est un honneur de pouvoir bosser avec lui. Les concerts DTP à Londres en novembre étaient vraiment incroyables… C’était justement lors de répètes pour ces dates que je lui ai fait écouter les mises à plat de Noistalgia, et à ma grande surprise, il a offert de me filer un coup de main en réenregistrant les parties de basse, puis en faisant le mixage et le mastering. Comme moi, il a grandi avec le grind, le crust et tous les trucs extrêmes des années 80, donc il a tout de suite capté où je voulais en venir avec BENT SEA.

3/ Voici le premier EP Grind de BENT SEA. Pourquoi avoir choisi de sortir un projet Grind seulement maintenant ? Pourquoi ne pas avoir lancé ce projet plus tôt ?

Je me suis posé cette question plus d’une fois. J’étais accro à NAPALM DEATH, REPULSION et TERRORIZER avant même d’avoir une batterie, et pour une raison qui m’échappe, j’ai attendu près de vingt ans pour lancer mon propre groupe dans ce style. Le fait est que BENT SEA est très spontané. Il n’y a aucune stratégie derrière son existence. Même les participations de Sven, Devin et Sylvain Coudret, qui a fait le solo de gratte sur « Dead Meat », n’étaient pas planifiées. J’ai exprimé ce qui était en moi, et il se trouve que c’est du grind, avec ici et là quelques touches GODFLESH, ENTOMBED et AUTOPSY.

4/ Cet EP est disponible uniquement en téléchargement, pourquoi ce choix ?

D’abord, parce que c’est aisément faisable. Ensuite, parce que je ne veux pas de pression liée au fait d’avoir à chercher un label, signer un contrat, etc. En évitant d’avoir un budget ou des attentes niveau ventes, je peux vraiment focaliser mon attention sur la musique. Et enfin, je veux pouvoir proposer des sorties à prix raisonnables. Télécharger Noistalgia sur le site de BENT SEA coute environ 4 €, ce qui me semble correct pour 18 minutes de zik. Je n’exclus pas la possibilité de signer sur un label à l’avenir, mais pour le moment ca me plait d’être le seul maitre à bord. Promouvoir BENT SEA me rappelle l’époque ou avec SCARVE, on envoyait nos démos aux quatre coins du monde pour essayer d’obtenir des chroniques ou des interviews dans les fanzines… C’est marrant à faire.

Photos © 2011 Hannah Verbeuren – www.hannahvphotography.com

5/ Le son est brut et direct, ce qui rend cette production agressive avec un côté un peu intimiste, partages-tu ce sentiment ?

Ça me fait plaisir d’entendre ça ! C’est exactement le genre d’atmosphère que j’avais en tête pour BENT SEA. Je n’aime pas la plupart des productions dites « modernes » où tout est corrigé jusqu’à la perfection dans Pro Tools, puis écrasé au mastering pour avoir un volume plus élevé, comme si plus fort signifiait forcément meilleur… Je suis nostalgique – d’où le titre de l’EP – de l’ère ou tout n’était pas si stérile, des albums où on entend des êtres humains jouer. La plupart des classiques du grind ne sonnent pas parfait, mais ils ont du caractère qui amplifie leur impact. Sur World Downfall, on a l’impression d’être dans la même pièce que Pete Sandoval ! Perso, je préfère ca mille fois au triggs à foison et aux sons de batterie surgonflés. Le plus marrant, c’est que j’ai enregistré Noistalgia sur un kit électronique, non pas pour défier qui que ce soit, mais simplement parce que c’est ce dont je dispose. A mes yeux, le résultat prouve à quel point les soft de chez Toontrack sont mortels, car Noistalgia sonne plus naturel que pas mal de prod’ de batterie acoustique.

6/ C’est Sven De Caluwé (ABORTED) qui s’occupe de la partie « Vocals », comment as-tu fait pour le convaincre ?

On est potes depuis l’enregistrement de Goremageddon. Je suis très fier de cet album. C’était une période assez chaotique dans ma vie, mais Sven a cru en moi et m’a soutenu tout le long. Je me rappelle quand on s’est retrouvé au Danemark à attendre pendant plusieurs jours que le studio soit fonctionnel. Il m’a fait découvrir le Murderworks de ROTTEN SOUND qui m’a foutu une telle claque que je l’écoutais en boucle tous les jours ! Pour en revenir à BENT SEA, quand Noistalgia a commencé à prendre forme, j’ai demandé à une personne que je ne connaissais pas trop de faire le chant, et ça a fini par tomber à l’eau. La même semaine, Sven était de passage en concert avec SYSTEM DIVIDE. Je suis allé les voir jouer et je me suis dit qu’il était le mec parfait pour BENT SEA. Son chant est hallucinant et il bosse comme un pro. Et puis on partage une certaine vision du monde qui nous entoure. Mes textes sont plutôt directs et c’est facile pour Sven de s’y retrouver.

7/ Est-il possible d’imaginer de voir se projet se réunir pour une série de concerts ?

On en a parlé, et le verdict est oui. Même Devin est partant. Evidemment, il faudrait que nos emplois du temps respectifs soient vraiment généreux envers nous pour qu’on ait la chance de réaliser ça… Je croise les doigts. Cela dit, pour l’instant mes efforts sont focalisés sur le studio et la promotion. Le live n’est pas une priorité pour le moment, mais si on peut faire quelques dates, pourquoi pas !

8/ Quel est ton regard sur la scène française à l’heure actuelle ? Penses-tu qu’elle soit au même niveau que dans d’autres pays ?

Des groupes français qui arrachent, il y en a plein, mais les mentalités sont difficiles à changer. Heureusement que le Hellfest soit devenu une véritable institution et que GOJIRA soit reconnu mondialement. En espérant qu’un jour, le metal et ses sous-genres seront respectés par le grand public en France comme en Scandinavie ou aux USA.

9/ Tu travailles également pour Toontrack sur des prises batterie pour tous les aficionados du home studio, comment s’est établie cette relation ?

Fredrik Thordendal de MESHUGGAH, un des fondateurs de Toontrack, m’a mis en relation avec le reste de l’équipe. J’ai d’abord enregistré des rythmes pour la Metal Foundry puis j’ai fait des démos de batterie pour Toontrack à Londres et à Los Angeles. Leur dernier soft en matière de batterie, Superior Drummer, m’a foutu une grosse claque, et l’idée m’est venue de créer une collection de rythmes MIDI death, thrash, black, grind etc. Ca s’appelle Library of the Extreme et le troisième volet vient tout juste de sortir. Je croise régulièrement des musiciens utilisant la Library of the Extreme pour composer ou enregistrer chez eux, ce qui fait vraiment plaisir car mon but était précisément de faciliter ces étapes-là en proposant une multitude de rythmes et breaks MIDI joués par moi et modifiables à souhait. Des tonnes de producteurs utilisent Superior Drummer, les possibilités avec ce soft sont infinies. Pour moi, Toontrack a clairement révolutionné le monde de la batterie !

10/ Quels sont désormais tes projets ?

Je bosse sur plusieurs enregistrements session dans mon Die Crawling studio, dont POWERMAD et MALEVOLENCE. En février prochain, je pars sur la route pour une tournée de masterclass batterie Tama. Avec SOILWORK on vient d’attaquer la composition du successeur de The Panic Broadcast et on planche sur quelques projets de tournées. Je travaille à faire connaître BENT SEA, et je commencerai bientôt à donner des cours de batterie en ligne via BandHappy et RealLesson, deux nouveaux sites qui en valent vraiment le détour. Bref, je ne m’ennuie pas !

Un dernier mot ?
Merci de m’avoir donne la parole, et bravo pour le soutien de TRex Sound aux musiques extrêmes !

xWebbYx

Rédacteur en chef et administrateur de TRexSound.com.

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